• PEINDRE LA NATURE D'AUJOURD'HUI, EST-CE FAIRE ACTE DE CREATION D'ART CONTEMPORAIN ?

    Le blog vous propose de répondre à cette question.

    A suivre... 


  • Commentaires

    1
    Eric
    Dimanche 15 Mars 2015 à 10:27

    Cette question est très intéressante, merci de l'avoir posée, comme on disait autrefois à la télé pour gagner du temps....


    Il est vrai que, même si on ne se prend pas la tête étant donné la modestie de nos talents artistiques et de notre parcours, on s'est forcément un jour posé une question du genre: en matière de paysage, que faire après Nicolas de Stael ? (ou après Joan Mitchell, qui elle-même s'est certainement posée la question: que faire après Claude Monet, et y a répondu)


    Quand on a dépassé l'étape du peintre de dimanche et des jours fériés (respectable en soi mais dont on se lasse un jour) vient le questionnement...


    Devant un beau paysage, quelle est la meilleure chose à faire: prendre son chevalet et ses couleurs pour en faire une interprétation en deux dimensions... Ou prendre ses chaussures de rando et en profiter pour le parcourir en 3D dans toute son épaisseur? Il m'est arrivé souvent de choisir la deuxième option...


    Une autre alternative est de ne rien faire du tout, comme le suggère ce superbe site écossais connu sous le nom de "rest-and-be-thankful" ...


    Je me permettrai d'en rester là pour aujourd'hui pour me rendre à une aimable invitation chez des copains artistes, où nous approfondirons certainement cette excellente question autour d'un petit blanc. Finalement, l'intérêt de l'art, c'est qu'il fournit des prétextes inépuisables pour papoter sur un blog ou autour d'une bonne bouteille, selon les goûts et les occasions.


     

    2
    Eric
    Dimanche 15 Mars 2015 à 18:35

    Bonsoir, c'est encore moi money

    De retour de notre petite bouffe (où nous avons finalement débouché une bouteille de cidre et non de blanc, j'ignore si notre niveau de philosophie s'en est ressenti) nous avons effectivement commencé à discuter de cette question, pour nous arrêter immédiatement à la suivante : qu'est-ce que l'art contemporain ?

    A partir de là, la discussion m'a semblé s'égarer quelque peu pour dériver sur des sujets plus sensibles (par exemple: les présidents des associations qui organisent des expos et les membres de leurs divers comités de sélection sont-ils réellement compétents pour juger de la qualité artistique des œuvres proposées?) et après quelques éléments de réflexion que nous avons oubliés pour ne pas froisser quelques susceptibilités, on a préféré sagement parler des bombardements qui ont dévasté la Normandie de juin à aout 1944.

    Cela n'a rien à voir sans doute, mais je ne résiste pas à l'occasion qui m'est offerte d'évoquer la boutade du prince Charles: "Londres a été détruite deux fois, la première fois par la Luftwaffe et la deuxième par les architectes, mais au moins la Luftwaffe n'a pas achevé le désastre en essayant de reconstruire" (je cite de mémoire).

    A propos, quelqu'un pourrait-il nous expliquer ce qui caractérise exactement l'art contemporain, et permettrait de déterminer ce qui est contemporain et ce qui ne l'est pas ?

     

     

    3
    Isabelle
    Jeudi 16 Avril 2015 à 22:36

    Bonjour à tous,


    Beau développement !


    Pour moi : Prendre le temps de peindre un paysage c'est également entrer dans le paysage et de le comprendre, pour en trouver l'architecture et le retranscrire dans un pastel. C'est comprendre le pays et ses habitants. Pour moi, l'art contemporain c'est l'art actuel puisque nous vivons.


    A bientôt

    4
    yannick
    Jeudi 7 Mai 2015 à 22:56

     


    C’est vrai que posé comme ca et en période de fin d’année, ca fait un peu sujet du bac. Et il y a un côté prise de tête qui encourage plus  à la convivialité d'une bonne vieille ivresse des profondis. Tant qu'à avoir mal de crâne autant que ce soit pour la bonne cause. Mais passé cet aspect des choses, on peut, peut-être trouver des petits éclis de réponse au travers le verre grossissant d’un cul de bouteille.

    Je pense que deux styles de réponses se proposent. Selon que l’on raisonne façon conditionnements académiques ou façon affranchie et anarchique.
    Le prisme convenu nous entrainerait vers Diderot pour les plus érudits ou wikipedia pour les plus connectés. Qu'elle est définition officielle de l'art contemporain ? Bon c’est vrai que Diderot ne devait pas vraiment se poser la question. On pourrait disséquer l’histoire de l’art et mettre en équation les autres notions de perspectives ou tempera, voire figer des limites par l'arbitraire de la chronologie ou de la culture. Ce chemin balisé coupe en 4 les poils d un pinceau. De là peut surgir légère céphalée estudiantine.
    Si cette route ne nous tente pas, alors pourquoi ne pas en prendre une autre ?
    Finalement on s’en fout. Si contemporain veut dire « aujourd'hui » alors un paysage réalisé en 2015 est contemporain. Si contemporain fait référence à une période historique qui date une œuvre et en fixe la cote marchande, alors non.

    Mais alors si cette question absconse, se dissout si aisément dans la dialectique, c’ est une aubaine pour passer à autre chose de plus concret.

    Qu’est ce qu’on fait de l'émotion que l’on ressent face a un paysage ? On la transpose en 2d avec des crayons en tentant avec orgueil de figer le plus longtemps possible cette émotion pour la revivre à loisir.  Le fixatif et un bon encadrement peuvent nous y aider. Ou alors on tente d'en comprendre l'organisation ; Voir comment ce paysage nous provoque cette émotion. Ou alors rentrer dans ce paysage pour le vivre autrement démultiplier l’émotion. C’est aussi prendre le risque d’être déçu. Parfois la sublimation a du bon. En installant une couverture de piquenique dans ce coin magique au bord de la rivière, on n’envisage pas les fourmis ou la présence de quelques bovins curieux.
    Bon allons au bout. Imaginons que ce paysage, on le dessine. Si le jour de l’expo, fier de nous, on l’accroche à l’envers. Est ce que ca en fait une œuvre abstraite ?

    Pour l’heure, je préfère aller écouter un petit Eliott Murphy, plutôt que de chercher une réponse à cette question. Tout ca me donne le blues (pour revenir aux bovins curieux).


     

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    5
    Isabelle
    Dimanche 31 Mai 2015 à 22:17

    A l'époque de Diderot, la photographie n'existant pas, l'art était uniquement figuratif. L'invention de la photographie au XIXe a permis d'avoir la liberté et ainsi le développement des autres styles de peinture. La reproduction exacte des choses n'était plus utile.

    Faire une rotation à 45° à une oeuvre, peut donner également un aspect "japonisant". Et je trouve que ce n'est pas mal du tout.

    Accrocher une oeuvre à l'envers, peut donner un palindrome. Ce qui est le cas pour mon pastel "Chemin de Saint-Pierre au haras de Meautry. (Touques)". (Voir sur mon site :-)) )

     

     

    6
    Eric
    Lundi 1er Juin 2015 à 12:15

    J'avais également quelque chose à rajouter au sujet de cette fameuse question de l'art contemporain, ayant l'intuition que les définitions proposées ici étaient un peu trop "quiétistes" jusqu'alors. Comme le montre Isabelle, rectifiant sa première intervention, ce n'est pas forcément parce qu'on fait de l'art en 2015 qu'on fait de l'art contemporain. L'art est essentiellement un moyen d'expression (sauf si on peint sans jamais montrer ce qu'on fait, ce qui paraît rare): celui qui ferait de l'art en 2015 à la façon des peintres du Quattrocento s'expose à obtenir le même effet que Jacquouille la fripouille haranguant nos contemporains dans le langage de François Villon.


    Cependant, l'intuition des chemins empruntés par l'art contemporain est probablement antérieure à l'invention de la photo. Pour les curieux et les bibliophiles, il y a un livre de Levi-Strauss intitulé "regarder écouter lire" où on trouve cette citation étonnante de Rousseau, tirée (justement !) d'un "Essai sur l'origine des langues": "Supposez un pays où on n'aurait aucune idée du dessin, mais où beaucoup de gens passant leur vie à combiner, mêler, nuer les couleurs croiraient exceller en peinture en s'en tenant à ce beau simple, qui véritablement n'exprime rien, mais fait briller de belles nuances, de grandes plaques bien colorées, de longues dégradations de teintes sans aucun trait". L'intuition est saisissante, même s'il y a une nuance de réprobation.


    Si l'on en croit le poète Louis Aragon, il est déconseillé de se citer soi-même, mais puisque Isabelle nous invite à nous libérer de ce tabou, j'ai moi aussi effectué et exposé quelques pastels comportant des rotations de Pi/2 ou même de Pi, manière d'interpréter de façon primitive cet objectif artistique qu'exprime (dans le domaine littéraire) l'écrivain Philippe Forest et que j'essaie de mettre en œuvre: "garder au réel sa valeur de vertige".


    Peut-être est-ce cette attention au réel qui distingue le paysagiste du peintre qui a franchi le pas de l'abstraction pure (se mettant ainsi, au fond, à peindre un paysage intérieur qui lui permet peut-être plus de liberté). J'aime bien ceux qui, comme le peintre Vincent Bioulès qu'on a vu récemment à Caen, ont fait le voyage de retour en revenant au figuratif avec l'apport technique de l'abstraction, et savent donc mêler leur paysage intérieur avec "cette inquiétante étrangeté du réel" ( ou l'inverse?)


     


     


     


     


     


     


     

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